Divagation 103 et auto-destruction…

En écrivant cet article, j’ai eu en tête cette chanson qui me retourne les tripes… https://www.youtube.com/watch?v=dh3bleXWaCk , « Maggot brain » une chanson du groupe Funkadelic …Les notes de guitare parlent, glissent, se répondent en écho et me berce d’une folie à la fois douce et monstrueuse…

Cette 103eme divagation était l’occasion de revenir sur un thème que j’exploite et qui revient régulièrement : l’auto-destruction… Cette capacité, faiblesse ou prépondérance humaine ou animale de se faire du mal, se faire souffrir pour diverses raisons conscientes ou inconscientes, pathologiques ou suite à des circonstances diverses. Je ne fais pas malheureusement exception à la règle du cliché de l’artiste « névrosé », qui tente d’extérioriser et de sublimer ses névroses, traumatismes, pulsions, fantasmes ou troubles par la création salvatrice. Si, moi-même, je ne comprends pas toujours ce qui sort de ma tête, tout analyser ferait perdre l’essence et l’intérêt du mystère que l’art entretient en nous. Toutefois, j’avoue avoir subi et vécu de nombreux épisodes dépressifs voire de dépressions, un héritage familial qui, je peux l’affirmer maintenant, n’est pas une fatalité. Ces épisodes dépressifs, qu’on peut aussi joliment appeler mélancolie, je les subis et j’en vis encore même s’ils sont moins perpétuels, moins profonds car arrivant à 40 ans la vision des choses et de la vie fait évoluer mon regard ; dorénavant, je sais ce que je ne veux plus et ne peux plus supporter…

J’ai appris à accepter ces moments, ces vagues, ces remous, j’autorise ces déferlements de sentiments, parfois confus, de blues, de gris, de noir… Ces épisodes ont un intérêt pour re-calibrer et rééquilibrer pour réussir à affronter un évènement plus ou moins sérieux ou douloureux. Lorsqu’on arrive à avouer et voir les choses qui nous ont construit avec le recul et l’honnêteté nécessaires; ce qu’on a pu en retirer et la façon dont on a agi, sont autant de petites marches d’acceptation et de confiance. Peut-être est-ce un peu narcissique mais quels seraient les répercussions d’une dévalorisation perpétuelle souvent faussée par des opinions erronées, déformées et amplifiés par l’angoisse, la peur et le catastrophisme. La créativité est un moteur, un moyen d’adaptation et d’épanouissement, je vous invite à parcourir la pensée de Winnicott à ce sujet, la création permet de mettre en image des pensées, des tourments qui pourraient parler ou faire écho dans d’autres regards, pensées et vécus, et permet d’extraire et de poser des émotions et des sentiments qui ont existé.Si j’entretiens et je m’entretiens dans mon propre malheur, je resterai dans l’idée d’une fatalité ainsi que d’une lâcheté que je transmettrai par là-même à mon tour à mes enfants, une idée négative et noire de la vie qui m’est inacceptable et irresponsable.

Lorsque j’ai commencé la course à pieds, depuis maintenant presque 4 ans, la pratique de ce sport s’est avérée être révélatrice d’une persévérance que je ne soupçonnais pas en moi. Loin de moi l’idée de faire des marathons et autres challenges pour me comparer et affronter les autres, je suis mon propre adversaire, je cours pour moi, face à moi, ma fatigue, mes douleurs, mon manque de motivation ou d’énergie et par tous les temps. Je ne sais pas le degré de sadomasochisme que cela révèle de moi, mais il a été cette étape nécessaire dans ma volonté de renouveau et dans le désir de changer. La nécessité de méditer a été également importante, savoir faire le vide que ce soit au son d’une musique, d’un paysage, d’un rayon de soleil, du vent, du silence et tenter de ne rien penser et s’échapper de pensées négatives et destructrices. Il m’est impossible de ne pas laisser passer et accepter différentes émotions, il s’agit d’en faire autre chose pour qu’elles ne détruisent pas en permanence ce travail de confiance et d’équilibre personnel afin d’être en mesure et armé pour affronter de nouvelles tempêtes, drame, chagrin, douleur qui surviendront immanquablement.

Ces mots et points de vue pourraient être différemment selon l’humeur, selon si je suis en « good mood » ou dans un état transitoire de tristesse, d’accablement ; mais mon état et mon ressenti ne construisent pas toute ma vie, ce sont mes actes… Chacun n’est pas réduit à l’image et au regard qu’on lui porte, ni à l’opinion parfois faussée de lui-même. Difficile de ne pas s’emprisonner, ni s’enfermer soi-même pour tenter de réagir aux signes et signal d’appel qui indiquent que des choses doivent évoluer, changer et nécessitent des adaptations qui ne sont certes pas toujours faciles à entendre, ni à entreprendre,…essayer…

La lecture d’un livre, lors de l’été 2016, a été percutant pour moi, il s’agit de l’ouvrage d’Andrew Salomon intitulé « le diable intérieur ». A cœur ouvert, avec une écriture agréable et réfléchie, Andrew Salomon nous livre son parcours, ses réflexions sur sa propre dépression au travers d’une analyse historique, sociologique, psychiatrique et médicale bien documentée… Pour terminer, je vous cite une des phrases du livre qui résume bien le déroulé de mes propos :  « J’aime ma dépression. J’aime l’homme qu’elle a fait de moi. C’est elle qui m’a permis de connaître l’étendue de mon âme… » …

 

 

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