L’influence de la sérendipité sur mon travail

Dans mes différentes approches plastiques, j’oscille entre la recherche de l’étonnement dans le futile, à laisser la place à l’inconscient ou à me laisser guider par le hasard.

Mon travail s’exerce entre autre par la paréidolie en lien avec le hasard et l’illusion que forment des taches d’encre ou de simple traits, ce que la matière, les jeux de lumières et de couleurs provoquent, consciemment ou non. Je souhaite interpeller sur l’affaiblissement de notre contemplation du monde ; par la recherche de l’étonnement dans le futile, l’étude du merveilleux dans le banal, de rendre de l’attention au quotidien à voyager dans une seule image.

Insatiable lectrice, chercheuse et curieuse, l’art est pour moi à la fois salvateur et échappatoire, tout peut devenir objet d’inspiration : un trait, une forme, une ombre, une simple tache,… contiennent tout un monde. La couleur ainsi que la matière ont des pouvoirs d’évocations et d’invocations qui appellent à une sorte de méditation et médiation où le temps de la contemplation est nécessaire pour donner vie aux formes et à une image.

Ainsi ces monstres qui dorment, attendent que je les réveille pour surgir et prendre place dans des puzzles d’images.  Le hasard et l’illusion s’exercent ce hasard taches d’encres diluées et projetées, dans des dessins non guidés afin de laisser parler l’inconscient. Cette recherche de formes a pris plus de place et déborde désormais dans mes déplacements quotidiens où j’essaye de trouver des objets de curiosités, des formes analogues à des formes connues ou familières dans les matières urbaines comme le bitume, le ciel, les flaques d’eau…

Mon but serait de tenter de donner une dimension particulière à l’ordinaire à travers différents médiums pour que l’attention et l’inconscient sondent et interprètent l’imaginaire, la forme et la matière à travers ses liens, nœuds, traces et chemins.

Dans le langage silencieux de l’imaginaire, la recherche de formes et la paréidolie joue et se joue de l’oeil qui oscille entre illusionné et chercheur de vérités. Ce quelque chose qui échappe à notre compréhension, et dont on ne peut véritablement saisir la beauté et le caractère sublime, tient presque du religieux, du sacré  L’art comporte une part primitive, présente depuis depuis les murs des cavernes aux œuvres les plus contemporaines, les chimères et les fantômes apparaissent et grandissent au gré de nos croyances construites sur notre imaginaire et sur nos peurs. Ainsi, cette stimulation de nos perceptions et de notre imagination apparaissent comme une caractéristique vitale et instinctive à notre survie.

Toutefois, que l’on se laisse porter par ce qui vient, que l’on s’en remette au hasard ou encore que l’on se berce d’illusions, l’inconscient ou le réel rattrapent souvent ce à quoi on tente d’échapper. Nos propres attentes altèrent notre perception dépendante de nombreux facteurs dont notre attention et notre état d’être dans laquelle résonne inlassablement la vision lucide de notre condition de mortel (condition à laquelle nous tentons en vain d’échapper par la sublimation du réel, l’imaginaire et le rêve)..

La sérendipité par la contemplation active est une façon de se poser en guetteur, de s’étonner et élargir son champ d’attention à ce qui arrive afin d’accueillir des hasards heureux ou malheureux en attente de significations. Le résultat est comme la trace d’un combat entre l’énergie créatrice et l’impulsion infini des formes indomptées. A la fois expression de la toute-puissance de l’humain sur l’incertain mais aussi de sa soumission à son prédestination ; le hasard apparait alors comme une tentative pour se rapprocher, voire même de s’emparer, du divin…

 

Sonia Hivert

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