Vain éveil de la vésanie du vide
Dans nos vies professionnelles, quotidiennes et privées, les nouvelles technologies occupent une place importante, invasive, étouffante parfois. Je m’interroge sur ce que cela fait de nous, sur ce que cela engendre chez nous. : Soumission ? Dépendance ? Manipulation ? Assistance ? Gain de temps ? Sécurité ? Besoin ? Contenance ? Assurance ?..
Beaucoup constatent leur incapacité, ou non volonté, à décrocher de ses outils si pratiques, ludiques, nécessaires voire vitaux. Or la déshumanisarion est croissante, des barrières virtuelles entre humains s’érigent, des addictions, dépressions, souffrances liées apparaissent, nos attentions deviennent fugaces, nos regards absorbés,… Il m’arrive de demander à mes filles ce qu’elles retiennent de leurs minutes, voire leurs heures perdues à balayer leurs écrans,… Ce qui ressort est souvent pas grand-chose… Et je ne peux m’empêcher de penser et m’inquiéter de toutes ces expérimentations, et expériences manquées…
Peut-être que ma vision est simpliste et réductrice avec ce diable qui dribble avec le cerveau de ce pauvre malheureux qui a pris conscience de sa perte… Le sage hibou perché sur cet écran lumineux l’avait pourtant prédit mais qu’écoute le zombie, l’aveugle, le sourd que paradoxalement le vide, le rien, le néant effraient… Combler le vide par le vide du divertissement, de l’amusement, occupe l’espace de cette peur, ce boulet de ne pas se confronter à soi-même…
Cette toile est la 4eme depuis le tournant que j’ai voulu donner à mon travail, je reste sensible et fidèle à l’Image plutôt qu’aux flux d’images. Si vous allez dans les musées ou expositions, que vous vous attardez sur une image, vous seriez surpris de toutes les choses qu’elle peut vous dire ou vous souffler… Peindre, dessiner, créer dans son ensemble est un acte de résistance face à ce que la société, le monde nous imposent et nous renvoient, la créativité reste une invitation à découvrir, inventer, se dépasser, ou simplement lever ou ouvrir les yeux…
Résister à la déshumanisation, invoquer le droit et le devoir de prendre le temps, entre autres, de la création, se poser la question du pourquoi tant de vitesse dans nos vies, une démarche salutaire et belle !